En 2025, la mobilité douce s’impose comme un enjeu urbain et climatique majeur. Citadins et collectivités cherchent des réponses entre vélo, trottinette et transports partagés.
Le Baromètre Mobilité 2025 révèle des paradoxes entre disponibilité d’offres et usages réels. Ces constats conduisent à des pistes concrètes que l’on résume ci-dessous.
A retenir :
- Adoption accélérée des vélos électriques pour trajets quotidiens urbains
- Usage dominant de la voiture individuelle en trajet quotidien
- Écart national versus Europe sur part modale transports en commun
- Opportunités pour startups vélo et logistique du dernier kilomètre
Pourquoi la France freine l’adoption de la mobilité douce
Face à ces constats, la France présente des freins marqués sur plusieurs dimensions. Selon Ipsos, 72% des Français se déclarent concernés par l’impact environnemental de leurs trajets quotidiens. Pourtant, la voiture individuelle reste majoritaire, souvent utilisée en solo.
Le mélange entre offres abondantes et usages stagnants crée un paradoxe infranchissable pour certains. Selon Ipsos, le parc automobile en France reste composé majoritairement de véhicules thermiques.
Ce constat sur les comportements coexiste avec des initiatives locales et des services partagés. L’enjeu suivant est d’analyser les freins concrets pour proposer des réponses opérationnelles.
Principaux freins observés :
- Habitudes d’usage centrées sur l’autosolisme et le confort
- Offres inégales entre territoires urbains et zones rurales
- Sensibilité au coût et réduction des budgets mobilité
- Perception de sécurité liée aux infrastructures cyclables
Pays
Budget mensuel mobilité (EUR)
France
113
Moyenne Europe
159
Suisse
278
Autriche
213
République tchèque
198
Ce tableau illustre l’écart budgétaire entre la France et plusieurs pays européens. La baisse du budget moyen français complique la progression des offres payantes.
Usage quotidien et comportements des Français
Ce comportement d’usage explique le recours massif à la voiture individuelle pour les trajets quotidiens. Selon Ipsos, 86% des conducteurs circulent seuls en voiture pour leurs déplacements réguliers. Ce schéma freine l’adoption des alternatives, malgré une prise de conscience environnementale notable.
« Depuis que j’ai opté pour le Vélib et une trottinette électrique, mes trajets sont plus fluides et moins coûteux »
Claire D.
Ce retour d’expérience souligne l’impact positif d’une offre multimodale accessible. Les solutions comme Vélib, Lime ou Dott peuvent modifier les pratiques si elles sont couplées à des incitations locales.
Infrastructure, offre et perception de sécurité
Le réseau d’infrastructures détermine largement l’utilisation du vélo et de la trottinette. Selon ADEME, les transports représentent plus de 30% de la consommation d’énergie en France, ce qui renforce la priorité donnée aux aménagements. Améliorer la sécurité et le stationnement reste une condition sine qua non pour augmenter les pratiques actives.
Mesures prioritaires locales :
- Extension des pistes cyclables protégées
- Stationnements sécurisés pour vélos et trottinettes
- Tarification incitative des transports partagés
- Campagnes de sensibilisation ciblées
Des initiatives privées et publiques coexistent dans les villes françaises, avec des acteurs comme Decathlon et Angell sur des offres de vélo personnel. Le passage suivant identifie les villes qui ont franchi un cap concret.
Les villes qui montrent l’exemple en mobilité douce
Après avoir listé les freins, certaines villes ont su combiner offre et pratique pour faire évoluer les usages. Selon ADEME, des métropoles françaises et européennes ont investi massivement dans les infrastructures et services partagés. Ces politiques publiques ont produit des effets mesurables sur la fréquentation des modes actifs.
Plusieurs exemples illustrent des modèles reproductibles, depuis Paris jusqu’à des capitales nordiques connues pour leurs politiques cyclables. Les acteurs privés complètent souvent l’offre publique avec des services opérationnels et innovants.
Villes exemplaires :
- Paris, renforcement des réseaux vélos et services Vélib
- Lyon, développement des couloirs cyclables et stationnements
- Amsterdam, longue trajectoire d’aménagements cyclables
- Copenhague, intégration multimodale des vélos et transports
À Paris, des initiatives comme Turtle montrent une appropriation locale des triporteurs pour services urbains. Selon Media365, Turtle est passé de quelques triporteurs à une flotte significative pour l’événementiel et le transport urbain.
« Nous avons démarré avec cinq triporteurs et constaté une demande immédiate pour les trajets urbains »
Aymard D.
Ces cas combinent offre publique et entreprises innovantes, qu’il s’agisse de vélos partagés ou de services dédiés pour le dernier kilomètre. Le prochain angle porte sur les opportunités économiques et entrepreneuriales.
Comparaison des parts de mobilité France versus Europe
Cette comparaison permet d’objectiver les écarts de pratiques et d’investissements entre territoires. Selon Ipsos, 4 Français sur 10 utilisent les transports en commun, contre 6 Européens sur 10 en moyenne. Le vélo atteint 32% d’utilisation en France et 45% en Europe, selon les mêmes sources.
Mode
France (%)
Europe (%)
Transports en commun
40
60
Vélo
32
45
Voiture individuelle (trajet quotidien)
majoritaire
variable
Trottinette et autopartage
en recul
stabilisé
Ce tableau illustre des différences marquées, notamment pour le vélo et les transports publics. Ces écarts pointent des leviers d’action pour les politiques publiques et les opérateurs privés.
Opportunités pour entrepreneurs et logistique urbaine
Après l’identification des villes exemplaires, vient la question économique et l’innovation entrepreneuriale. Selon ADEME, le transport est le premier émetteur de gaz à effet de serre, ce qui crée un impératif de décarbonation pour le secteur. Les créateurs d’entreprise trouvent ainsi des marchés porteurs dans la mobilité douce et les services associés.
Le marché du vélo en France confirme cette dynamique avec un chiffre d’affaires sensible en 2023. Selon des données sectorielles, le marché du vélo a atteint plusieurs milliards, porté par la demande de vélos électriques.
Opportunités sectorielles :
- Vélo-taxis et triporteurs pour services urbains
- Solutions logistiques pour le dernier kilomètre
- Réparation, location et parkings dédiés
- Applications de partage et d’autopartage
Ces segments ont déjà attiré des startups comme üMotion pour le dernier kilomètre et Turtle pour le transport personnalisé. L’enjeu est de combiner durabilité, viabilité financière et acceptation sociale.
Modèles économiques et financement des projets mobilité
Les modèles se diversifient entre ventes directes, locations et abonnements urbains récurrents. En 2023, le marché français du vélo a atteint un chiffre notable, stimulé par la croissance des ventes de vélos électriques. Les ventes d’e‑bikes ont représenté une part majoritaire de la production nationale, ce qui attire investisseurs et industriels.
« üMotion développe des solutions modulaires pour réduire les émissions et faciliter les livraisons en ville »
L. P.
Les aides publiques, prêts d’honneur et prix d’innovation jouent un rôle essentiel pour les jeunes entreprises. L’accès à des partenariats avec des acteurs établis comme Tier ou Cityscoot facilite l’expérimentation à grande échelle.
Cas pratiques et conseils pour se lancer
Les premières étapes incluent une étude de marché locale et des tests pilotes sur un périmètre restreint. Les retours utilisateurs, la coopération avec les collectivités et la validation réglementaire sont indispensables pour sécuriser l’offre. Des solutions techniques comme les batteries modulaires et le design cargo améliorent la viabilité opérationnelle.
Recommandations opérationnelles :
- Commencer par un pilote local et mesurer les usages quotidiens
- S’assurer de l’intégration aux réseaux existants et aux parkings
- Prioriser l’expérience utilisateur et la maintenance
- Cibler des partenariats publics-privés pour accélérer le déploiement
« J’ai transformé une flotte de vélos en service rentable grâce à des abonnements entreprise »
Lucas M.
Les exemples concrets comme Turtle et üMotion montrent que le marché répond favorablement à des solutions bien calibrées. Passer de l’idée au déploiement nécessite patience, données et capacité d’adaptation.
« Les collectivités qui soutiennent l’innovation obtiennent des résultats visibles sur la qualité de vie urbaine »
Élodie R.
En synthèse d’étape, la mobilité douce combine défis techniques, contraintes budgétaires et opportunités économiques concrètes. Le fil conducteur entre politiques publiques et initiatives privées reste la condition du succès pour transformer durablement les déplacements urbains.
Source : Ipsos, « Baromètre Mobilité 2025 », Ipsos, 2025 ; ADEME, « Données sectorielles transports », ADEME ; Thibaut Simon, « Mobilité douce : le boom du vélo et des trottinettes », Media365, 12 mai.
